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Le fondateur américain de Blackwater a violé l’embargo sur les armes en Libye

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Erik Prince, fondateur de la sulfureuse société de sécurité privée Blackwater et farouche partisan de l’ancien président américain Donald Trump, a violé un embargo de l’ONU sur les armes en Libye, selon un rapport confidentiel révélé vendredi dans la presse.

Les quotidiens New York Times et Washington Post ont eu accès à ce rapport de 121 pages compilé par des enquêteurs de l’ONU pour le Conseil de Sécurité.

Selon lui, Erik Prince a envoyé des mercenaires étrangers et des armes à Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, alors qu’il tentait de faire chuter le gouvernement libyen soutenu par la communauté internationale en 2019.

Cette opération, d’un montant de 80 millions de dollars, prévoyait la formation d’un commando pour traquer et tuer de hauts responsables libyens, dont certains potentiellement détenteurs de passeports européens, rapporte le New York Times.

Trois compagnies siégeant aux Emirats arabes unis ont été utilisées pour la planification, la direction et le financement de l’opération.

Erik Prince, qui est aussi le frère de l’ancienne ministre de l’Éducation Betsy DeVos, est le fondateur de la société de sécurité privée Blackwater, dont quatre ex-agents reconnus coupables du meurtre de 14 civils irakiens en 2007 à Bagdad, ont été grâciés par Donald Trump en décembre 2020.

Les accusations du rapport pourraient conduire à des sanctions à l’encontre de M. Prince, dont une interdiction de voyager, selon le Times.

Dix ans après le soulèvement appuyé par l’Otan qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est toujours minée par les luttes de pouvoir, divisée entre deux autorités rivales, sur fond d’implications étrangères.

Le 23 octobre, les deux parties rivales avaient signé un accord de cessez-le-feu permanent avec « effet immédiat », après cinq jours de discussions à Genève sous l’égide de l’ONU.

Le 5 février, l’ingénieur et homme d’affaires Abdel Hamid Dbeibah a été désigné Premier ministre par intérim, aux côtés d’un Conseil présidentiel transitoire de trois membres, pour assurer la transition dans l’attente

Le New York Times et le Times of Malta ont rapporté dans leur édition du 26 mai les détails d’un complot présumé soutenu par les Émirats arabes unis (EAU) visant à envoyer des mercenaires et des équipements militaires à la Libye depuis Malte, en faisant émerger de nouveaux détails très intéressants.

le chef de l’Armée nationale libyenne (ANL) Khalifa Haftar n’a jamais caché son utilisation d’entreprises militaires privées dans le cadre de ses efforts pour prendre la capitale libyenne Tripoli.

Très tôt dans le conflit, ce sont les avions d’attaque au sol Airtractor appartenant à l’une des entreprises d’Erik Prince qui ont été utilisés pour supporter les opérations contre le groupe État islamique (EI) menées par Haftar il y a quelques années.

Dans ce cadre, deux sociétés émiraties ont fourni, pour ce qui sera appelé plus tard « Project Opus », trois hélicoptères SA341 Gazelle et trois hélicoptères Super Puma AS332, originaires d’Afrique du Sud. Les hélicoptères devaient être armés de mitrailleuses moyennes de 7,62 mm et destinés aux forces de l’ANL, qui sont soutenues par les Émirats arabes unis ainsi que par des mercenaires russes du groupe Wagner et par l’Égypte.

Ces six hélicoptères militaires ont été achetés à l’Afrique du Sud en juin 2019, ils ont ensuite été transportés par camions au Botswana, puis de là livrés démontés par voie aérienne à Benghazi.

Le journal The Botswana Gazette avait publié le 29 juin 2019 des photos sur sa page Facebook avec une légende incorrecte : « Les hélicoptères BDF [Botswana Defense Forces] VIP SUPER PUMA H22 en route vers SSKIA [Sir Seretse Khama Airport, aéroport de Gaborone au Botswana] ce matin ».

« Project Opus »

En réalité, les hélicoptères ont été transportés par voir terrestre puis acheminés par avions cargo angolais Il-76, selon les confidences d’une source de Middle East Eye.

Ces hélicoptères faisaient partie du parc de l’entreprise de locations d’avions Starlite Aviation qui appartient à Steve Lodge, ancien pilote d’hélicoptère de combat sud-africain.

Lodge était en réalité le chef du commando envoyé en Libye en juin 2019 et devait donc assurer l’arrivée des appareils, leur montage et la conduite des opérations aériennes. Selon le quotidien Malta Today, le groupe cherchait aussi à acheter un hélicoptère de combat américain Cobra pour des missions d’attaque au sol.

La vingtaine de mercenaires, dont des Français, des Australiens, des Britanniques, des Américains et des Sud-Africains, avait d’abord été regroupée à Amman en Jordanie, puis envoyée à Benghazi en Libye fin juin 2019.

Le groupe disposait d’une couverture légale, nous apprend Malta Today, qui serait celle d’une étude géophysique et hyperspectrale par voie aérienne de la Jordanie. Cette couverture avait permis les différents transbordements d’équipements et leur acheminement à Amman.

Si le commando a fait traverser le Botswana à ses appareils par route, c’est probablement à cause de la législation stricte en Afrique du Sud interdisant les activités de mercenariat.

Cette aventure a duré jusqu’au 2 juillet, quand le commando a choisi l’exfiltration vers Malte par bateau à cause d’un différend qui avait éclaté avec Khalifa Haftar sur la qualité des hélicoptères envoyés.

Selon Malta Today, une des missions de l’opération Opus était de faire de l’interdiction maritime et conduire des assauts contre des navires venant de Turquie et transportant des armes aux forces du Gouvernement d’union nationale (GNA) à Tripoli.

Selon un article paru dans le New York Times le 25 mai, le commando a été exfiltré de Benghazi vers Lavalette à bord de deux bateaux semi-rigides loués à la société du trafiquant d’armes maltais James Fenech, Sovereign Charterers. Une des deux vedettes avait d’ailleurs été retrouvée à Zuwetina en Libye après avoir été abandonnée à cause d’une avarie par le commando.

Les deux entreprises qui ont financé et dirigé cette opération, Lancaster 6 et Opus Capital, appartiennent ou sont proches de la constellation d’entreprises militaires d’Erik Prince. James Fenech lui-même avait été l’associé de Prince dans la création de Blackwater Ammunition, une entreprise de fabrication de munitions en Italie.