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Yémen: des appels à mettre fin à la pratique de la disparition forcée dans les prisons contrôlées par les EAU

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L’organisation yéménite “Ligue des Mères des Enlevés”, a organisé une manifestation à Aden pour exiger la libération des détenus dans les prisons contrôlées par “des milices soutenues par les Emirats arabes unis”.

La ligue a appelé, dans un communiqué, le département de police du gouvernorat d’Aden (soutenu par les EAU) à dévoiler le sort des personnes disparues.

L’organisation non-gouvernementale, basée à Ta’izz et active depuis trois ans, œuvre à recenser les disparus et les enlevés et à soutenir leurs familles afin qu’ils soient libérés.

L’organisation yéménite des droits de l’homme Mwatana (citoyenneté) a dénoncé les violations flagrantes des droits de l’homme commises dans les prisons des Émirats arabes unis (EAU).

Selon The Guardian, entre mai 2016 et avril 2020, Mwatana, un des principaux groupes yéménites de défense des droits de l’homme, a documenté dans son rapport publié mardi, 1 605 cas de détention arbitraire, 770 cas de disparition forcée et 344 cas de torture perpétrés par toutes les parties belligérantes du Yémen.

Les Houthi soutenus par l’Iran sont responsables de la majorité des cas, avec 904 détentions arbitraires ou abusives, 353 disparitions forcées, 138 actes de torture et 27 décès en détention, selon le rapport.

Les EAU et les forces alliées, y compris les milices anti-Houthi comme la Ceinture de sécurité sont responsables de 419 cas de détentions arbitraires ou abusives, 327 disparitions forcées, 141 allégations de torture et 25 décès en détention.

Alors que les conditions dans les prisons et les centres de détention officiels du Yémen sont également épouvantables, la situation dans les centres secrets est particulièrement préoccupante, a déclaré Osamah Alfakih, directeur du plaidoyer de Mwatana.

Dans la prison d’Abyan, contrôlée par la ceinture de sécurité, les détenus ont été confrontés à conditions inhumaines, notamment le manque de nourriture et d’eau, la nécessité de boire de l’urine, les coups de marteau, les positions de stress et la torture sexuelle. Des témoins ont déclaré que les corps des détenus ont été jetés dans la cour d’un hôpital voisin.

Le militant émirati Mohamed Al-Qaidi a accusé les Emirats arabes unis de pratiquer la torture au Yémen.

Al-Qaidi a souligné sur son compte Twitter que les prisonniers à l’intérieur des prisons gérées par les autorités émiraties au Yémen organisent une loterie quotidienne pour distribuer les prisonniers à divers outils de torture.

De l’intérieur d’une prison yéménite, contrôlée par les Emirats arabes unis (EAU), un artiste yéménite détenu sans inculpation raconte, avec des dessins, les tortures et les actes de violences sexuelles commises par des militaires des Emirats arabes unis agissant en toute impunité, rapporte l’agence de presse américaine Associated Press (AP) qui publie, mercredi 20 juin, une enquête sur le sujet.

Ces dessins ont été envoyés clandestinement à AP depuis la prison Beir Ahmed, dans la ville d’Aden, dans le sud du pays. Ils offrent un aperçu des violations des droits de l’homme imputées à des militaires émiratis ou à des gardiens yéménites sous la supervision d’officiers émiratis. Pour eux, les violences sexuelles sont un moyen visant à brutaliser les détenus et à obtenir des “aveux”, ont déclaré à AP l’artiste et six autres détenus.

Selon l’agence AP, des actes de torture sexuelle sont commis dans quatre sites à Aden : l’un est à la base de Buriqa qui sert de quartier général aux forces émiraties. Un deuxième se situe dans la maison de Shallal Shaye, le chef de la sécurité d’Aden allié des Emirats arabes unis, et un troisième se trouve dans une discothèque devenue prison, appelée Wadah. Le quatrième est la prison de Beir Ahmed.

Des militaires américains ont été vus à la base de Buriqa, ainsi que des mercenaires colombiens, selon deux prisonniers et deux agents de sécurité. Les détenus sont incapables de dire si ces Américains, dont certains étaient en uniformes, appartiennent à l’armée ou s’il s’agit de mercenaires.

En juin 2017, AP avait révélé l’existence au Yémen d’au moins 18 sites de détention relevant des Emirats arabes unis (EAU), alliés de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis, ou des forces yéménites entraînées par les EAU. L’agence avait relaté disparitions et cas de torture.

Les ONG Human Rights Watch (HWR) et Amnesty International s’en étaient faites l’écho, affirmant que les Emirats arabes unis administraient au moins deux “structures de détention informelles” au Yémen, ce que dément Abou Dhabi. HRW a aussi fait mention de l’usage d’armes à sous-munitions interdites par la convention d’Oslo entrée en vigueur en 2010.

Des responsables américains ont reconnu que les forces américaines recevaient des renseignements de leurs partenaires des EAU et avaient participé à des interrogatoires au Yémen.

L’agence AP a sollicité une réaction du Pentagone qui s’est borné à déclarer que les Etats-Unis n’avaient aucune preuve d’abus commis à l’encontre de détenus au Yémen. La Chambre des représentants a voté une résolution demandant si l’armée ou le renseignement américain violait la loi lors des interrogatoires de détenus au Yémen. Associated Press a cherché à obtenir une réaction de la part des Emirats arabes unis. En vain.

Le Yémen est déchiré depuis 2014 par une guerre qui oppose les rebelles chiites houthistes et leurs alliés – les forces restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh – aux troupes loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi.

En mars 2015, le conflit s’est aggravé avec l’intervention militaire d’une coalition menée par l’Arabie saoudite pour aider le pouvoir à chasser les houthistes, soutenus par l’Iran. Les Emirats arabes unis font partie de cette coalition et sont l’un des piliers de la coalition militaire, apportant un soutien essentiel au sol aux troupes progouvernementales qui rassemblent des forces hétéroclites.