La Fédération internationale pour les droits et le développement (FIDD) a appelé les autorités des Émirats arabes unis à cesser immédiatement le recours à l’isolement cellulaire prolongé comme punition de prisonniers en raison de leurs opinions politiques.
La Fédération internationale basée à Rome a souligné dans un communiqué de presse que l’isolement prolongé est strictement interdit par le droit international et peut constituer un traitement cruel, inhumain et dégradant.
L’organisation des droits de l’homme a déclaré avoir été informée d’un enregistrement audio de la détenue dans les prisons des Emirats, Amina Al-Abdouli, dans laquelle elle a annoncé sa grève de la faim ouverte depuis le 23 février dernier pour protester contre son isolement.
Al-Abdouli a révélé qu’elle avait entamé une grève de la faim illimitée depuis le 23 du mois dernier pour protester contre les violations auxquelles elle était victime.
Al-Abdouli a déclaré qu’elle avait été punie avec la prisonnière d’opinion, Maryam Al-Balushi, pour les enregistrements dans lesquelles elle avaient appelé les organisations des droits de l’homme à intervenir pour mettre fin aux violations et aux mauvais traitements dont elles étaient victimes.
Les autorités de la prison al-Wathba avaient soumises Amina al-Abdouli et Maryam al-Balouchi à l’isolement et les avaient privées du soin médical suffisant.
Mme Al-Balushi, qui était accusée de « financer le terrorisme » en raison de son don à une famille syrienne, a été jugée et condamnée sur la base de preuves obtenues sous la torture en 2016.
Human Rights Watch (HRW) a appelé les autorités des Émirats arabes unis (EAU) à lancer une enquête “immédiate et transparente” concernant les conditions de détention d’une prisonnière âgée de 21 ans et qui a tenté de se suicider.
HRW a déclaré, selon des sources proches, que “les autorités de la prison al-Wathba avaient soumises Maryam al-Balouchi (21 ans) et une autre prisonnière Amina al-Abdouli (37 ans) à l’isolement pendant près de 3 semaines et les avaient privées du soin médical suffisant”.
Elle expliqua que les autorités émiraties avaient placé les deux femmes, dont chacune purge une peine de 5 ans pour des accusations relatives à la sécurité nationale, en isolement depuis le 17 février dernier, jusqu’au 11 mars après que Maryam al-Balouchi avait tenté de se suicider”.
Janvier dernier, lors d’un enregistrement audio divulgué, al-Balouchi avait déclaré que “de nouvelles accusations lui avaient été lancées à elle et à al-Abdalli”. Elle signala qu’elles seraient poursuivies pour “avoir répandu de fausses informations, nuire à l’image des EAU et créer des problèmes avec les pays voisins”, à l’ombre d’un enregistrement qu’elles avaient divulgué ultérieurement et où elles décrivaient leurs misérables conditions de détention, depuis le jour de leur interpellation, le 20 novembre 2015.
Dans une lettre officielle adressée aux autorités des EAU, les experts des droits de l’homme des Nations unies ont exprimé leur profonde inquiétude quant aux allégations de torture et de mauvais traitements infligés à Mme Al-Balushi, ainsi qu’à Mme Amina Ahmed Saeed Al-Alabdouli et Mme Alia Abdulnour, qui ont entraîné une détérioration de leur santé.
La Fédération internationale a souligné que la détention prolongée au secret peut faciliter la perpétration de la torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et peut en soi constituer une forme de ce traitement.
En mai 2019, Alia Abd Al-Nour est décédée aux Émirats arabes après avoir été privée de soins médicaux adéquats pendant plus de trois ans et subi des mauvais traitements au cours de cette période.
La Fédération internationale des droits et du développement a réitéré son appel aux autorités des Émirats de permettre immédiatement à une mission d’enquête internationale indépendante de visiter les prisons, de rencontrer des prisonniers d’opinion, notamment Abdouli et Balouchi, et de veiller à ce que les garanties d’une procédure régulière et d’un procès équitable ne soient pas assurées dans le pays.
En septembre 2019, le rapport annuel du haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme indiquait que son bureau avait reçu des informations selon lesquelles les conditions de vie des femmes s’étaient aggravées après le partage d’informations avec l’ONU.
L’isolement peut être psychologiquement préjudiciable à tout prisonnier, causant entre autres de l’anxiété, de la dépression et de la colère. Ses effets peuvent être particulièrement néfastes pour les personnes en détresse psychologique.
Le stress d’un environnement fermé et fortement surveillé, l’absence de contact social et le manque d’activité peuvent exacerber la souffrance psychologique et avoir des effets négatifs à long terme sur le bien-être mental des prisonniers. Les personnes en isolement font souvent des tentatives de suicide ou ont besoin d’un soutien psychosocial d’urgence.