Des appels à rompre les relations avec les Émirats arabes unis à la veille de la signature d’un accord entre le gouvernement et le conseil de transition séparatiste soutenu par Abou Dhabi.
Le gouvernement yéménite et les séparatistes ont conclu un accord parrainé par l’Arabie saoudite pour se partager le pouvoir dans le sud du pays dévasté par la guerre.
En vertu de celui-ci, le nouveau gouvernement devra intégrer des ministres issus du Conseil de transition du Sud (STC).
Les séparatistes du sud sont en principe alliés des forces progouvernementales dans la guerre livrée depuis 2014 contre les rebelles Houthis, venus du nord et soutenus par le grand rival de Riyad, l’Iran.
Lors d’une réunion tenu samedi dans la province de Shabwa, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur du gouvernement démissionnaire, Ahmed al-Maisari, a déclaré que les Émirats arabes unis humiliaient le gouvernement et voulaient contrôler toutes ses décisions.
Il a ajouté que des relations entre le gouvernement et l’alliance saoudo-émiratie étaient tendues et que le projet d’Abou Dhabi était sans doute voué à un échec total. Il a souligné que le gouvernement se trouvait dans une faiblesse totale, car il doit subir à la fois le contrôle d’ “un émissaire saoudien et d’un officier émirati”.
Par ailleurs, Adel al-Hassani, un commandant de la “Résistance du Sud”, a déclaré à la chaîne Al-Jazeera que l’accord conclu entre le gouvernement et le Conseil de transition du Sud, était le signe d’un “protectorat” total de Riyad par rapport au gouvernement .
Il a affirmé que le président du gouvernement, Mansour Hadi, aurait demandé au prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane quelques modifications dans le brouillon de l’accord, mais que finalement, la partie saoudien a voulu que le texte soit signé par le vice-Premier ministre du gouvernement, Salem al-Khanbashi.
Pour sa part, le chercheur en sciences politiques Likaa Mekki a déclaré que cet accord avait été imposé au gouvernement légitime du Yémen et qu’il ne s’inscrivait pas dans un contexte purement yéménite, ajoutant que la manière dont l’Arabie saoudite avait traité cette question montrait qu’elle était obligée de résoudre la crise yéménite.
Depuis des années, le gouvernement est accusé par les séparatistes sudistes de les discriminer et de répartir injustement les richesses du pays, le plus pauvre de la péninsule arabique. Le sud du Yémen fut indépendant jusqu’à l’unification, en 1990, du Sud et du Nord du Yémen.
En août dernier, les troupes gouvernementales ont perdu le contrôle de la quasi-totalité du Sud au profit des séparatistes. Face aux combats qui ont affaibli sa coalition, l’Arabie saoudite a proposé un dialogue interyéménite pour apaiser les tensions. Un différend qui a également mis à mal l’alliance au sein de la coalition anti-houthis, en particulier entre ses deux piliers que sont l’Arabie saoudite et les Émirats.
Le gouvernement yéménite a alors accusé les Émirats de soutenir les séparatistes, dont les combattants forment les unités du « Cordon de sécurité », une force entraînée par Abou Dhabi.
En octobre, des positions clés dans la ville d’Aden et la province de Lahej ont été remises aux forces saoudiennes par les Émiratis pour tenter de désamorcer la crise interne à la coalition.
Le conflit dans le Sud a aggravé la situation pour les civils dans un pays où la guerre a provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon les Nations unies. Des dizaines de milliers de personnes, essentiellement des civils ont été tuées dans la guerre, selon diverses organisations humanitaires.
Toujours selon l’ONU, environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance.