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AFP: Les EAU utilisent un chercheur comme une “monnaie d’échange”

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Un rapport de l’Agence France-Presse a souligné que les chercheurs et universitaires sont devenus une cible privilégiée des régimes autoritaires au Moyen-Orient, notamment en Iran, où ils constituent autant de gages dans le rapport de force avec l’Occident, soulignent des experts de la région.

Selon le rapport, le chercheur britannique Matthew Hedges pouvait représenter une “monnaie d’échange” pour que “Londres renonce à une résolution de l’ONU appelant à mettre fin à la guerre au Yémen”.

Matthew Hedges, doctorant à l’université de Durham en Angleterre, arrêté en mai 2018 aux Emirats arabes unis, puis condamné à la perpétuité en novembre 2018 pour espionnage, avant d’être gracié moins d’une semaine plus tard.

Pour Jean-Pierre Filiu, “une coïncidence troublante apparaît avec la crise yéménite dans laquelle la diplomatie britannique était alors à la manoeuvre au Conseil de sécurité des Nations unies (…) Par un miracle de la conjonction des astres, l’acquittement (finalement) prononcé correspond à un abandon de l’initiative britannique”.

Cette hypothèse avait également été avancée par Mark Almond, directeur du Crisis Research Institute d’Oxford, cité dans un article publié dans le Telegraph en novembre 2018, avant la libération du doctorant, et qui estimait que Matthew Hedges pouvait représenter une “monnaie d’échange” pour que “Londres renonce à une résolution de l’ONU appelant à mettre fin à la guerre au Yémen”.

“Les périls qu’encourent désormais les chercheurs au Moyen-Orient sont sans précédent”, a relevé Jean-Pierre Filiu, spécialiste de la région, lors d’un colloque vendredi à Sciences Po Paris intitulé “Captifs sans motifs” et dédié à deux chercheurs français détenus depuis juin 2019 à Téhéran.

Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l’Afrique et du Sahel, et sa compagne franco-iranienne Fariba Adelkhah, anthropologue auteure de nombreux ouvrages sur l’Iran et l’Afghanistan, travaillent tous deux au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.

“Le début, ce sont des balles tirées dans le bureau du directeur de l’American University of Beirut, Malcolm Kerr, assassiné en 1984 par le Hezbollah, déjà un des bras des Gardiens de la Révolution (iraniens) dans cette partie du monde”, a rappelé Jean-Pierre Filiu.

Puis le Français Michel Seurat, “immense spécialiste du Moyen-Orient que le Hezbollah va laisser mourir en détention faute de soins”, ajoute-t-il. Tous deux sont “tombés victimes de règlements de comptes de la République islamique avec Washington et Paris”, dit-il.

En janvier 2016, le doctorant italien Giulio Regeni, alors âgé de 28 ans et qui effectuait une enquête sur les syndicats égyptiens – sujet très sensible en Egypte – disparaissait au Caire. Son corps a été retrouvé atrocement mutilé et torturé dans la banlieue du Caire quelques jours plus tard.

Les résultats d’une autopsie effectuée à Rome, lors du rapatriement du corps du l’étudiant chercheur, ont dévoilé de nombreuses fractures, indiquant qu’il serait mort sous la torture. Néanmoins, l’Egypte nie l’implication de ses forces de sécurité dans le décès de Regeni.

Le terrain devient difficile d’accès pour les chercheurs, sur fond de montée en puissance des nationalismes, de l’autoritarisme et du jihadisme. La Turquie n’est pas en reste, tout comme la Chine en Asie ou le Brésil en Amérique latine.

“L’accès au terrain est de plus en plus interdit par des pouvoirs, des organisations qui savent parfaitement que la recherche peut contribuer à dissiper le tissu de mensonges, les propagandes diverses dont ils se parent pour continuer à semer la terreur à l’encontre de leurs peuples, voire sur nos territoire”, pointe Jean-Pierre Filiu.

Le doctorant à l’université de Durham, dans le nord-est de l’Angleterre, a été arrêté à l’aéroport de Dubaï le 5 mai, avant d’être gracié puis libéré début novembre. Il faisait des recherches sur la politique étrangère et interne des Emirats en matière de sécurité après le Printemps arabe de 2011. “Je n’ai jamais été torturé physiquement mais c’était psychologique et c’était comme de la torture “, a-t-il dit au quotidien The Times.

“Il n’y avait pas de lumière naturelle[…] et je n’étais pas autorisé à faire quoique ce soit pour me distraire. Lorsque j’allais aux toilettes, ou lors des rares occasion où je pouvais prendre une douche, j’étais escorté par 4 gardes et menotté aux chevilles”, a raconté à la BBC Matthew Hedges.

Après avoir été accusé d’être un agent des services de renseignements extérieurs britanniques du MI6, il a avoué sous la pression : “ Je n’avais aucune idée de ce qu’ils voulaient dire lorsqu’ils m’ont demandé mon rang au sein du MI6 (…) j’ai paniqué et j’ai dit que j’étais capitaine, je leur ai dit ce qu’ils voulaient entendre car j’espérais pouvoir passer à autre chose “, a-t-il dit à la BBC.

Dans une lettre au Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, l’avocat de Matthew Hedges, Rodney Dixon QC  a déclaré que le traitement subi par Hedges aux EAU violait ses droits humains et qu’il a fait ses aveux sous pression”.

Avec AFP