une délégation militaire émiratie est arrivée ce mardi 30 juillet à Téhéran pour faire part à la sixième commission mixte des gardes côtes avec l’Iran.
« La sixième session du comité conjoint de gardes-côtes, entre l’Iran et une délégation de sept membres des Emirats arabes unis, aura lieu à Téhéran pour discuter de la coopération frontalière », a rapporté Irna, citant un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Les deux pays sont prêts à parler de questions liées au partage des frontières, aux visites de citoyens, aux entrées illégales, et à faciliter le partage d’informations », a ajouté l’agence.
Un responsable du Golfe s’exprimant auprès de l’AFP sous le couvert de l’anonymat a affirmé que les deux parties avaient eu « une coordination régulière et des réunions techniques liées au sujet des pêcheurs et d’autres sujets similaires ».
« Cela n’a rien à voir avec les récentes tensions régionales », a-t-il affirmé.
La région stratégique du Golfe a connu plusieurs moments de tension depuis le retrait américain en mai 2018 de l’accord nucléaire iranien, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran.
Ces dernières semaines, les tensions se sont intensifiées, notamment à la suite d’attaques contre des pétroliers dans le Golfe, imputées par Washington à Téhéran, qui dément toute implication.
Des sources crédibles ont révélé aux Emirates Lakes qu’un plan mis en place par le dirigeant de facto d’Abou Dhabi, qui constitue un changement total dans sa politique à l’égard de l’Iran.
Le nouveau plan de Bin Zayed fait suite aux attaques du groupe Huthis en ciblant le pétrole, l’électricité, l’eau et toutes les installations vitales d’Abou Dhabi.
Amir Mousavi, ancien conseiller du ministère iranien de la Défense, a déclaré que des responsables des Émirats arabes unis s’étaient récemment rendus à Téhéran, indiquant que « les pourparlers se poursuivaient ».
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohamad Jawad Zarif a souligné que quelque chose se prépare derrière les coulisses entre Téhéran et Abu Dhabi.
Il a déclaré lors de d’une interview télévisée, que l’Iran « est prêt à soutenir les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite s’ils se démarquent du groupe B », en allusion au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, au prince héritier saoudien Mohamad ben Salmane et au conseiller américain pour la Sécurité nationale John Bolton.
L’ex-conseiller au ministère iranien de la Défense Amir Moussawi avait pour sa part révélé récemment que des responsables émiratis ont visité la capitale iranienne.
Moussaoui a affirmé que les réunions entre Téhéran et Abou Dhabi se poursuivaient et devraient aboutir à « la signature d’un accord entre deux pays ».
Moussaoui a déclaré que le retrait des EAU du Yémen constituait « un pas en avant”.
Sur les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, Moussaoui a révélé que son pays avait récemment reçu un message de l’Arabie saoudite via la Suisse, sans préciser le contenu.
Le journal libanais Al-Akhbar a rapporté que le retrait des Emirats arabes unis du Yémen n’était pas simplement un « redéploiement », mais aussi une « décision stratégique prise par les dirigeants d’Abou Dhabi ».
Des sources occidentales ont affirmé que les Émirats arabes unis avaient décidé récemment de mettre fin à la présence de leurs forces dans différentes régions du Yémen, afin de se concentrer sur la sécurité intérieure face à la tension croissante entre les Etats-Unis et l’Iran.
« Une rencontre a eu lieu il y a quelques semaines entre le trois fils de Zayed (Mohammed, Hazza et Tahnoun) et le souverain de Dubaï, Mohammed bin Rashid », a-t-il révélé le journal. « Ce dernier a clairement expliqué qu’il était urgent de sortir de cette impasse . »
Après les explosions du 12 mai dernier au port émirati de Fujaïrah, une délégation constituée de hauts responsables sécuritaires émiratis s’est rendue à Téhéran, qui leur a néanmoins signifié une fin de non-recevoir en ces termes : « Après avoir franchi la ligne rouge, il n’y plus rien à négocier ! ».
Al-Akhbar a souligné que les dirigeants émiratis auraient fait les trois « avances » suivantes à Téhéran : un retour à la normale des relations entre les deux pays, un soutien bilatéral concernant les passages maritimes pour ainsi assurer la sécurité de la navigation des pétroliers provenant de tous les pays du golfe et, enfin, la ferme volonté d’Abou Dhabi de retirer ses troupes du Yémen.
Selon le journal, les Émiratis ne se sont pas laissé décourager par la ferme réponse des autorités iraniennes. Abdallah ben Zayed, ministre émirati des Affaires étrangères a demandé à la partie russe d’intervenir en tant que médiateur et de convaincre l’Iran lors de sa visite à Moscou fin juin 2019 ; ce qui n’aurait pas réussi, Téhéran ayant répondu de nouveau : « Nous n’avons rien à négocier. ».
Les Émiratis se sont rendu compte que les États-Unis évitent d’attaquer l’Iran. Ils envisagent donc, après quatre ans et demi de guerre, de passer d’une stratégie militaire à une stratégie de paix.
Le ministre émirati des Affaires étrangères a révélé lors de sa visite du mois de juin des signes de ce tournant en annonçant que les enquêtes sur les explosions à Fujaïrah ne pointaient vers aucun pays en particulier et qu’Abou Dhabi ne souhaitait pas que les tensions s’intensifient avec Téhéran.