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EAU: L’activiste Ahmed Mansoor encore détenu pour avoir défendu les droits humains

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Lauréat en 2015 du Martin Ennals Award for Human Rights Defenders et membre  du Gulf Centre for Human Rights, Ahmed Mansoor est détenu en cellule d’isolement sans matelas dans une prison des Emirats Arabes Unis depuis avril 2017 pour avoir tweeté en faveur des droits de l’Homme.

Le 29 mai 2018, le défenseur des droits humains Ahmed Mansoor a été condamné à 10 ans de prison pour des messages postés sur les réseaux sociaux dans lesquels il critiquait les violations des droits humains perpétrées par le gouvernement émirati.

Il a aussi été condamné à une amende d’un million de dirhams (environ 233000€) et à trois ans de probation lorsqu’il sera libéré. Il a été inculpé pour avoir « insulté le statut et le prestige des EAU et ses symboles, y compris ses leaders » et d’avoir « cherché à saper la relation entre les Émirats Arabes Unis (EAU) et ses voisins en publiant de faux rapports et des informations sur les réseaux sociaux ».

Avant sa détention, Ahmed Mansoor faisait régulièrement part de ses inquiétudes concernant les détentions arbitraires, les actes de torture et les traitements mauvais ou dégradants, le non respect des normes internationales en matière de procès équitable, la non indépendance du système judiciaire, les lois nationales qui violent le droit international et les autres violations des droit civils.

En 2015, il a remporté le prestigieux prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains pour avoir continué son travail pour la défense des droits humains malgré la répression contre les DDH dans les EAU.

Dans les semaines précédant son arrestation, Ahmed Mansoor avait appelé à la libération de défenseur des droits humains Osama Al-Najjar ainsi que de l’éminent universitaire et économiste Dr Nasser Bin Ghaith via son compte Twitter.

Il avait également signé une lettre conjointe avec d’autres militants de la région, appelant les leaders de la Ligue Arabe, qui se réunissaient en mars 2017 à l’occasion du Sommet Arabe, à la libération de tous les prisonniers de conscience au Moyen-Orient.

Le 20 mars 2017 vers minuit, douze membres des forces de sécurité des EAU ont arrêté Ahmed Mansoor chez lui à Ajman, sur ordre du parquet en charge des crimes relatifs aux technologies de l’information (TI). Selon certaines sources, il a été traduit devant ce parquet pour un interrogatoire au sujet de son utilisation des réseaux sociaux pour « diffuser de fausses informations et rumeurs qui promeuvent le sectarisme, la sédition, la haine, qui nuisent à l’unité nationale, à la paix et à la vie sociale, qui ternissent la réputation de l’État et son statut, et qui incitent les autres à ne pas obéir aux lois des EAU ».

Après l’arrestation d’Ahmed Mansoor, les forces de sécurité ont minutieusement fouillé son domicile et ont saisi une grande partie de ses biens, notamment tous les ordinateurs et le matériel électronique, dont une partie appartenait à ses enfants.

Les autorités des EAU ciblent Ahmed Mansoor depuis longtemps. En 2011, il avait été emprisonné et interdit de voyager après avoir signé une pétition appelant à des réformes démocratiques aux EAU. Après cette pétition, Ahmed Mansoor a été emprisonné avec quatre autres personnes à cause d’un forum de discussion en ligne, UAEHewar.net, une affaire plus connue sous le nom de l’affaire des 5 des EAU (UAE5 case).

Il a été accusé d’avoir publiquement insulté le leadership des EAU et condamné à trois ans de prison; il avait été libéré après une grâce présidentielle après avoir passé près de huit mois en prison. Depuis l’affaire des 5 des EAU, les autorités des Émirats n’ont toujours pas rendu son passeport à Ahmed Mansoor et il n’est pas autorisé à voyager.

avec Front Line Defenders