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Des manifestants soudanais demandent des excuses aux Émirats arabes unis et une compensation pour leur recrutement comme mercenaires en Libye

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Des centaines de Soudanais se sont rassemblés devant l’ambassade des EAU à Khartoum, la capitale, mardi, pour demander des excuses pour leur recrutement dans les forces du général libyen Khalifa Haftar, a rapporté l’agence Anadolu.

Les manifestants ont déclaré avoir été trompés par la société émiratie Black Shield Security Services, qui les aurait recrutés pour combattre avec les forces de Haftar sous prétexte de leur offrir un emploi.

« Nous exigeons des excuses de la part des EAU au peuple soudanais parce que nous ne sommes pas des mercenaires », a déclaré un manifestant à l’Agence Anadolu.

Un autre a déclaré qu’ils soulèveraient la question auprès des Nations unies et des groupes de défense des droits de l’homme si l’ambassade ne répondait pas à leurs demandes.

De jeunes Soudanais partis travailler comme agents de sécurité aux Emirats arabes unis affirment avoir été envoyés, à leur insu, en Libye pour garder des champs pétroliers.

Les offres de travail sont rares au Soudan et chaque opportunité est à saisir au plus vite. C’est ainsi que des dizaines de jeunes Soudanais ont répondu à une annonce publiée dans la presse par la société privée émiratie Black Shield qui recrute des gardes de sécurité pour travailler dans le Golfe. Mais une fois sur place, plusieurs recrues ont reçu une formation militaire avant d’être envoyées en Libye pour garder des champs pétroliers, comme le rapporte Sudan Tribune.

Depuis fin janvier 2020, leurs familles demandent des explications et exigent le retour de leurs proches. Des dizaines de Soudanais se sont rassemblés devant le ministère des Affaires étrangères et face à l’ambassade des Emirats à Khartoum avec des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Nos fils ne sont pas à vendre », « Nous ne sommes pas des mercenaires ». Ils accusent la société Emiratie d’avoir violé le contrat. Les autorités soudanaises tentent de minimiser l’affaire qui commence à faire grand bruit.

La chaîne d’information “Al Jazeera Mubasher” a rapporté, vendredi 24 janvier, le témoignage d’”Abdellah al-Tayeb Youcef”, le frère de l’un des Soudanais dupés, se croyant engagés aux EAU pour travailler dans le domaine de la sécurité, avant de se trouver coincé, dans un camp d’entraînement militaires depuis 3 mois.

“Mon frère s’est présenté pour travailler comme agent de sécurité aux EAU. Mais dès leur arrivée à l’aéroport, lui et plusieurs autres ont été surpris du fait qu’on leur avait demandé d’intégrer un camp militaire, et de s’entraîner à utiliser les armes lourdes”, avait-il raconté.

Il signala que son frère, qui le contactait via Whatsapp, était parti depuis mi-octobre dernier. “La dernière fois que j’ai contacté mon frère par téléphone était mercredi dernier. Depuis, j’ai publié une vidéo et je n’ai pas contacté le gouvernement soudanais… J’ai plus tôt contacté l’agence de voyage à travers laquelle le contrat de travail lui avait été proposé”, avait-il ajouté.

“Mon frère m’a dit qu’il avait été entraîné à manier les armes lourdes, aux EAU, et qu’on lui avait demandé de choisir, entre aller en Libye ou au Yémen, après lui avoir proposé d’importantes sommes d’argent”, expliqua Abdellah Youcef, qui demanda de l’aide pour ramener son frère.

Dès la publication de la vidéo d’Abdellah Youcef, “Wakeep”, une plateforme soudanaise sur “Twitter” a publié des exemplaires des contrats qu’avaient signés les Soudanais, partis aux EAU pour travailler comme agents de sécurité.

“Wakeep” a signalé que le visa de l’une des victime démontrait qu’une compagnie émiratie nommé “Black Shield Security” recrutait des Soudanais pour travailler aux EAU, dans le domaine de la sécurité.

Il signala: “Selon des informations publiées ailleurs, dès leur arrivée aux EAU, les Soudanais ont été envoyés au camp “al-Ghayachi”, où ils étaient privés de leurs téléphones et informés qu’ils seraient chargés de sécuriser des structures en Libye et au Yémen”.

“Wakeep” a également publié un autre document, avec le caché apparent de l’ambassade soudanaise aux EAU et d’autres organismes officiels émiratis, expliquant que la partie qui travaillait pour la compagnie émiratie “Black Shield Security”, au Soudan, était “le bureau de recrutement externe al-Amira”, siégé à Khartoum.

La vidéo du jeune Abdellah Youcef demandant aux autorités de son pays d’intervenir, pour ramener son frère, a déclenché de larges interactions au Soudan, poussant les activistes à demander le lancement d’une campagne sur le hashtag ‘sauver les victimes de la compagnie émiratie’, afin d’aider les centaines de personnes qui ont été dupées.

Aussi, l’un des imams des plus célèbres au pays, “Mahrane Mahir”, a appelé lors de la prière du vendredi, le gouvernement soudanais à enquêter au sujet de la compagnie qui exploite les jeunes soudanais et les envoie aux EAU, “d’où ils sont recrutés comme mercenaires”, avait-il déploré.

Rappelons toutefois, que le journal britannique, “The Guardian”, avait publié le 25 décembre dernier, un article où il avait signalé que les EAU recrutaient des mercenaires afin de combattre en Libye.

Il avait affirmé que des groupes de Soudanais avaient été envoyés dernièrement en Libye, pour combattre au nom du général libyen à la retraite “Khalifa Haftar”, l’allié des EAU.

Jusque-là, les autorités émiraties n’ont pas commenté l’affaire, bien que les observateurs ne s’y attendent pas, signalant “qu’Abu Dhabi avait toujours été un acteur silencieux”.