En l’espace de peu de temps, le rêve des dizaines de jeunes soudanais à la recherche de moyens de subsistance pour lui et sa famille s’est évaporé en se retrouvant dans les rangs de l’armée émiratie pour combattre avec les milices de Haftar.
Parmi eux, Mahmoud Ahmad Abdou, le jeune rescapé du mercenariat en Libye s’est livré à Anadolu, évoquant environ 400 jeunes soudanais ayant signé, le 3 novembre dernier, un contrat avec l’agence de voyage “Amanda” dans la capitale Khartoum pour aller travailler dans une entreprise de sécurité aux Emirats Arabes Unis.
Toutefois, dès leur arrivée à Abu Dhabi, ils ont immédiatement été transférés au camp « Ghayathi » des Forces armées des EAU et ont été accueillis par un officier soudanais, al-Rashid al-Tijani.
En effet, ces jeunes ont été recrutés pour faire partie des forces émiraties combattants aux côtés des milices de Haftar en Libye.
Les jeunes, répartis en 12 groupes, se demandaient pourquoi ils ont intégré un camp d’entraînement appartenant à l’armée des EAU, alors que leur contrat a été signé pour faire partie de la société « Black Shield » pour les services de sécurité.
Inquiets, Abdou et ses confrères ont été rassurés par un officier émirati qu’il s’agirait d’une formation de 10 semaines pour pouvoir se lancer dans le monde de travail, avant que la période d’entraînement ne se prolonge à deux semaines supplémentaires.
Au programme, manier des Kalachnikov, des lances roquettes et des exercices de tir. Pour ce jeune rescapé du mercenariat en Libye, les entraînements étaient intenses et complètement différents des types de formation liés aux entreprises de sécurité oeuvrant dans la protection des installations vitales.
Une fois la période de formation achevée, Abdou rencontre le directeur adjoint de la société de sécurité (Black Shield), qui s’est avéré être un général au sein de l’armée émiratie voulant encourager et motiver les Soudanais.
Ensuite, les jeunes recrutés pour faire partie d’une entreprise de sécurité aux Emirats Arabes Unis ont été informés, sans pouvoir demander des explications, que Black Shield fera d’abord appel à leurs services pour une mission extérieur.
Selon Abdou, au moins 112 jeunes hommes ont catégoriquement refusé de partir en mission à l’étranger, toutefois, les autres ont donné suite à l’appel de l’officier émirati pour découvrir la situation sur le terrain.
En plein vol, le pilote leur a expliqué que l’avion se dirigeait vers l’Afrique du Sud, mais en réalité, les jeunes soudanais ont été transférés en Libye, en l’occurrence, à Ras Lanuf, un des fiefs des troupes du général à la retraite Khalifa Haftar.
Trahis par ce qu’ils considèrent comme “complot émirati”, les jeunes ont immédiatement décidé de retourner au pays après l’intervention des autorités soudanaises.
Depuis, des centaines de Soudanais ont manifesté, mardi, devant le siège du ministère des Affaires étrangères dans la capitale, Khartoum, pour protester contre l’envoi de leurs enfants pour combattre en Libye, au lieu de travailler dans les services de sécurité conformément aux contrats conclus avec une société émiratie.
Une salle d’opération a été mise en place par le gouvernement soudanais pour étudier la situation de ces jeunes. Le porte-parole du gouvernement, Faisal Muhammad Salih, a fait savoir que les Soudanais se sont vus proposés deux options : travailler comme agents de sécurité aux EAU ou se déplacer pour protéger des zones pétrolières à l’étranger.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs photos des jeunes soudanais quittant la ville de Ras Lanuf en Libye ont été publiées. Un avion transportant 275 Soudanais sur le chemin du retour vers la capitale, Khartoum.
De son côté, la société émiratie « Black Shield » a nié toutes les allégations de trahison de ces jeunes concernant la nature, le régime et la localisation du poste proposé aux employés en réponse aux révélations du journal britannique The Guardian, publiant une enquête sur “l’implication” d’Abu Dhabi, dans le financement du recrutement de mercenaires pour combattre en Libye aux côtés des troupes du général à la retraite Khalifa Haftar.