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Une enquête révèle les secrets du trafic d’animaux à Dubaï

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L’agence française « France 24″ a publié une enquête sur le trafic d’animaux, intitulée:  » De l’Afrique au Golfe persique, sur la route du trafic des animaux sauvages « .

Le reportage a révélé qu’aux Émirats arabes unis, la possession et le trafic d’animaux sauvages sont officiellement interdits depuis 2017. Pourtant , sur les réseaux sociaux, des ressortissants de la péninsule arabique, notamment des membres des familles royales, postent des vidéos les mettant en scène avec des lions, des tigres ou des guépards. Des symboles de prestige encore plus efficaces sur les réseaux que les voitures de luxe ou les selfies avec des stars. Nos reporters ont remonté la route de ce trafic jusqu’au Somaliland, dans la Corne de l’Afrique, où les autorités et les ONG luttent pour y mettre fin.

Dans les pays du Golfe, jusqu’à récemment, il n’était pas rare de voir des animaux sauvages se balader dans les rues, passer leur tête par la fenêtre des voitures de leurs propriétaires, ou encore se baigner sur les plages publiques aux pieds des monuments emblématiques… Des pratiques condamnées par les défenseurs des animaux. Sous leur pression, en 2017, les Émirats arabes unis ont donc officiellement interdit la possession et le trafic d’animaux sauvages.

Mais le phénomène est si répandu que beaucoup de riches propriétaires possèdent toujours des fauves en guise d’animaux de compagnie. Les plus prisés sont les plus dangereux : lions, tigres, léopards, guépards ou encore des hyènes.

Ces fauves, considérés comme un symbole de prestige, sont bien souvent braconnés depuis la Corne de l’Afrique et vendus illégalement aux riches familles de la péninsule arabique. Ce commerce juteux, qui à l’échelle de la planète représente plus de 20 milliards de dollars chaque année d’après l’ONU et Interpol, menace dangereusement la survie d’espèces en voie de disparition. La vente d’animaux  sauvages fait partie des commerces illicites les plus lucratifs au monde, au même titre que la drogue et la traite des êtres humains.

À Dubaï, l’instagrameur Humaid Abdulla Al-Buqaish possède un zoo privé à son nom. Comme si c’était de simples voitures de luxe, il collectionne des animaux, bien souvent en voie d’extinction, pour le simple plaisir de faire des vidéos. Chaque jour il reçoit des centaines de milliers de « likes » sur son compte Instagram. Tout aussi effrayant, sur Internet, il est possible d’acheter en quelques clics n’importe quel animal et de se faire livrer à domicile. Il existe même des tutoriels sur comment garder son lion à la maison.

Le guépard figure parmi les animaux les plus appréciés. Ce félin, dont il ne reste plus que 7 000 individus en liberté, est très prisé pour sa docilité quand il est petit. Il est possible de jouer avec et de le laisser en compagnie des enfants. Comme il est très rare qu’il se reproduise en captivité, les trafiquants prélèvent chaque année de petits guépards de leur milieu naturel pour les revendre. Pour arriver jusque dans la péninsule arabique, ces derniers sont mis en cage, transportés dans des containers à travers le golfe d’Aden, puis envoyés via les routes terrestres en Arabie saoudite, aux Émirats ou encore au Qatar. Seul un sur quatre arrive vivant à destination.

Situé dans la Corne de l’Afrique, l’état semi-autonome du Somaliland est une plaque tournante de ce trafic. Une ONG, the Cheetah Conservation Fund, tente d’y éviter l’extinction de cet animal, le plus rapide au monde. Nous avons suivi sa directrice, Laurie Marker, et les vétérinaires dans leur travail quotidien pour soigner les guépards arrachés aux griffes des trafiquants. Ne serait-ce qu’en 2020, l’ONG a récupéré une quarantaine d’animaux qu’il faut nourrir et surveiller 24 heures sur 24.

Peu à peu, les autorités du Somaliland prennent conscience que la défense de leur patrimoine naturel est primordiale. Nous avons pu filmer un procès qui s’est tenu dans la capitale, Hargeisa, au mois de novembre. Le chef d’un réseau a été condamné 4 ans de prison ferme, ses hommes de main à des peines n’excédant pas deux à trois ans de prison.

L’article a conclu que le plus triste dans ce trafic, c’est que les animaux arrachés à leur environnement sauvage ne pourront jamais retrouver la liberté. Habitués au contact avec les humains, ils perdent leur instinct de survie. Pour que ces guépards ne se retrouvent pas condamnés à passer le reste de leur existence dans des cages, Laurie Marker et ses équipes sont en discussion avec le ministère de l’Environnement du Somaliland pour créer le premier sanctuaire du pays, la première étape vers l’ouverture d’une réserve naturelle… En espérant qu’un jour, des guépards puissent être réintroduits à l’état sauvage au Somaliland.

France24