L’organisation yéménite “Ligue des Mères des Enlevés”, a appelé à libérer 44 détenus à la prison Be’er Ahmed à Aden, contrôlée par “des milices soutenues par les Emirats arabes unis”.
La ligue a indiqué, dans un communiqué publié lundi, que le sous directeur de la prison avait été atteint d’un virus qui a ôté la vie à son collègue et que la santé des détenus est donc fortement exposée à ce danger, en accusant le gouvernement yéménite d’être “le seul responsable si un des virus se propage au sein de la prison”.
Elle a également revendiqué le droit des détenus à être libérés et confinés chez eux sous surveillance, tout en appelant le secrétaire général des Nations unies, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et d’autres instances à faire pression sur les services de sécurité yéménites pour procéder à leur libération dans l’immédiat.
La ligue appela l’OMS à rendre visite à la prison Be’er Ahmed au plus vite possible afin d’aider à prendre les mesures de précautions nécessaires quant aux détenus.
L’organisation non-gouvernementale, basée à Ta’izz et active depuis trois ans, œuvre à recenser les disparus et les enlevés et à soutenir leurs familles afin qu’ils soient libérés.
Notant qu’Aden, est déclarée actuellement, comme zone infectée par plusieurs virus notamment le covid 19, menaçant les personnes enlevées et détenues à des prisons et des cellules surpeuplées ou la distanciation sociale est impossible .
Les familles des détenus de la prison « Bir Ahmed » à Aden, dans le sud du Yémen, ont appelé la communauté internationale à une intervention urgente pour libérer leurs fils.
Des organisations humanitaires craignent des répercussions potentiellement catastrophiques si l’épidémie se propage dans ce pays pauvre ravagé par cinq ans de guerre entre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran et les troupes gouvernementales appuyées par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils, selon des organisations humanitaires, et provoqué la pire crise humanitaire au monde avec 24 millions de Yéménites dépendant de l’aide humanitaire, d’après l’ONU.
Les médias officiels du Yémen ont accusé les Emirats arabes unis d’avoir transmis le nouveau virus Corona au pays.
La coalition menée par les Saoudiens a décrété un cessez-le-feu unilatéral de deux semaines à partir de jeudi au Yémen, Ryad disant espérer que cette trêve permettrait de lutter contre la maladie Covid-19.
Les Etats-Unis ont salué l’initiative et appelé les rebelles à adhérer à la trêve.
Mais les Houthis l’ont rejetée, l’un de leurs responsables assurant y voir une « manoeuvre politique et médiatique » et accusant la coalition de mener « des dizaines de frappes aériennes » quelques heures après l’entrée en vigueur de la trêve.
L’annonce de cette trêve a fait suite à une escalade des combats au Yémen, malgré l’appel de l’ONU à une cessation immédiate des combats pour protéger de la pandémie les civils du pays le plus pauvre du monde arabe.
L’envoyé spécial de l’ONU, Martin Griffiths, a lui-même appelé récemment les belligérants à « cesser immédiatement toutes les hostilités » face à l' »urgence absolue » du nouveau coronavirus.
Le 23 mars, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé « à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde » afin de préserver, face à la « furie » du Covid-19, les civils les plus vulnérables dans les pays en conflit.
Pour les Emirats arabes unis, principaux alliés de Ryad au sein de la coalition, « la crise Covid-19 éclipse tout: la communauté internationale doit intensifier ses efforts et travailler pour protéger le peuple yéménite ».
Les voisins du Yémen comptent plusieurs milliers de cas de contamination au nouveau coronavirus. L’Arabie saoudite a enregistré officiellement plus de 3.200 cas et 44 décès.
Outre le nouveau coronavirus, le Yémen est menacé par la famine, frappé par des épidémies de dengue et choléra et souffre d’un système de santé en déliquescence.
Le pays vit presque entièrement isolé, sous le blocus aérien imposé par la coalition menée par Ryad, ce qui fragilise sa situation alimentaire.
Avant l’annonce du premier cas de contamination au Yémen, la coordinatrice humanitaire de l’ONU au Yémen, Lise Grande, a indiqué que l’aide mensuelle fournie par le Programme alimentaire mondial (PAM) à plus de 12 millions de personnes vivant dans des zones à 80% sous contrôle des Houthis, pourrait désormais être octroyée plus rarement.
Des donneurs ont de fait décidé de suspendre leurs contributions, estimant que l’aide était bloquée par les Houthis, a-t-elle expliqué à la BBC.
Et « cela n’aurait pas pu arriver à un pire moment, étant donnée la menace du Covid-19 », a-t-elle regretté.
Pour Sultana Begum, représentante du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) au Yémen, également citée par la BBC, « il y a des soucis avec les Houthis mais le monde doit adapter sa réponse pour affronter le virus ».