Emirates Fuites

Yémen : des experts dénoncent l’impunité pour les crimes commis par les belligérants

299

Après six années ininterrompues de conflit armé, toutes les parties continuent de ne montrer aucun respect pour le droit international ou la vie, la dignité et les droits des personnes au Yémen, a conclu ce mercredi le Groupe d’éminents experts internationaux et régionaux sur le Yémen, qui a publié ce mercredi à Genève son rapport intitulé « une pandémie d’impunité dans un pays torturé ».

Selon cette équipe d’experts indépendants mandatée par le Conseil des droits de l’homme, « il n’y a pas de mains propres dans ce conflit ». « Le Yémen reste une terre de torture, avec son peuple ravagé d’une manière qui devrait choquer la conscience de l’humanité », a déclaré Kamel Jendoubi, le président du groupe d’experts cité dans un communiqué de presse.

Toutes les parties au conflit ont continué à commettre une série de violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, avec le même « schéma constant de dommages » infligés aux civils, qui se produisent non seulement dans le contexte des hostilités, mais aussi loin des lignes de front. Une façon pour les experts de rappeler que la responsabilité des violations incombe à toutes les parties.

Ces abus ont été commis aussi bien par le gouvernement du Yémen, les Houthis, le Conseil de transition du Sud que par les membres de la coalition, qui est dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

S’agissant de la coalition émirati-saoudienne, le groupe d’experts a conclu que certaines des frappes aériennes semblent avoir été entreprises « sans tenir dûment compte des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution pour protéger les civils et les biens de caractère civil».

Parmi ces nombreuses « bavures », les experts citent « l’une des frappes aériennes les plus meurtrières de 2020 », qui a été lancée par la coalition aux premières heures du 15 février 2020. Une attaque menée contre un village de la région d’Al-Hayjah, district d’Al Maslub, dans le gouvernorat d’Al-Jawf, et qui a fait environ 50 morts et blessés parmi les civils.

D’autres drames ont signalés comme celui qui a ciblé le village d’Al Muzaimir, ville d’Al Fakhir, gouvernorat d’Al-Dhale’e. Ce 24 septembre 2019, à 8h30, plus de 30 civils ont été tués et blessés par deux frappes aériennes de la coalition saoudienne. Or pour les experts indépendants, « les attaques disproportionnées constituent des crimes de guerre en vertu du droit international coutumier ».

Le groupe d’experts a des motifs raisonnables de croire que les gouvernements du Yémen, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Conseil de transition du Sud, dans la mesure où ils exercent leur juridiction, et selon le cas pour chaque partie, sont responsables de violations des droits de l’homme. « Des membres de la coalition ont mené des attaques aveugles à l’aide d’armes à feu indirect, des actes qui peuvent être considérés comme des crimes de guerre », ont souligné les enquêteurs.

Le groupe d’experts a également enquêté sur les effets des mines terrestres posées illégalement par les Houthis. Le 19 juin 2019, par exemple, une jeune fille de 15 ans qui gardait des moutons dans la région du village d’Al-Khasja, district de Tur Al Bahah, gouvernorat de Lahj, a été tuée lorsqu’elle a marché sur une mine antipersonnel.

Ce rapport, qui a couvert plusieurs incidents entre juillet 2019 à juin 2020, a également eu une portée temporelle plus longue, remontant dès le début du conflit en 2014.