Le ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis (EAU), un pays qui soutient le seigneur de guerre libyen Khalifa Haftar, a appelé mardi « à la sagesse et à un cessez-le-feu immédiat » en Libye.
« Les tambours de la guerre qui font rage autour de Syrte en Libye menacent de provoquer de graves développements et de dangereuses conséquences humanitaires et politiques », a déclaré Anwar Gargash sur Twitter.
Gargash a également exhorté les parties engagées dans le conflit en Libye à amorcer un dialogue dans un cadre international transparent.
La déclaration a été faite après que le parlement de Tobrouk, proche de Haftar, ait officiellement autorisé l’Egypte à intervenir militairement en Libye pour » protéger la sécurité nationale » des deux pays.
Le parlement de Tobrouk a déclaré lundi dernier que « les forces armées égyptiennes sont en droit d’intervenir pour sauvegarder la sécurité nationale libyenne et égyptienne au cas où l’Egypte percevrait un danger imminent qui menacerait la sécurité de nos pays ».
Abdul-Malik al-Madani, porte-parole de l’armée libyenne, a fustigé au nom du gouvernement reconnu par l’ONU et dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarraj la perspective d’une intervention égyptienne en Libye.
« Rappelons-leur [les Égyptiens] que le Sinaï [le nord-est de l’Egypte] est plus proche que Syrte et Al Jofra [les régions de la Libye contrôlées par Haftar], et que le barrage de la Renaissance n’est pas en Libye mais en Éthiopie », a écrit Al-Madani lundi dernier sur Twitter.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi avait menacé le mois dernier de mener une action militaire contre Syrte et Al Jofra.
« Nous les attendons, mais avant d’entrer en Libye, ils devraient déjà réfléchir à la question de savoir comment ils vont en sortir », a ajouté Al-Madani.
Le parlement de Tobrouk, présidé par Aguila Saleh, partisan de Haftar, compte moins de 30 députés, tandis que le parlement basé dans la capitale Tripoli en compte plus de 70.
Les milices rebelles de Haftar ont lancé depuis avril 2019 une attaque contre la capitale libyenne Tripoli et d’autres régions du nord-ouest de la Libye, faisant plus de 1000 morts parmi la population civile, dont des femmes et des enfants.
Le gouvernement libyen a toutefois récemment remporté d’importantes victoires, chassant les milices de Haftar hors de Tripoli et de la ville stratégique de Tarhouna
Haftar bénéficie du soutien international de la Russie, de la France, de l’Égypte et des Émirats arabes unis.
Les EAU ont été accusés par l’ONU et plusieurs groupes de défense des droits de l’homme de violer l’embargo sur les armes imposé par l’ONU à la Libye en envoyant des armes et des mercenaires pour combattre aux côtés de la milice de Haftar en Libye.
Un rapport des Nations unies publié en octobre a révélé que des milliers de mercenaire soudanais combattaient aux côtés des forces de Haftar en Libye.
D’autres rapports de médias, dont un récent article du Guardian, ont également accusé les EAU de recruter des centaines de mercenaires pour les envoyer combattre en Libye et au Yémen.
AA