L’avocate yéménite Huda al-Sarari honorée du Prix Martin Ennals à Genève pour avoir dévoilé les prisons secrètes des Emirats
L’avocate yéménite Huda al-Sarari, a reçu mercredi soir à Genève le Prix Martin Ennals, le « Nobel » des défenseurs des droits de l’homme en reconnaissance de ses efforts pour dénoncer les centres de détention secrets pilotés par les Emirats arabes unis dans son pays.
L’avocate yéménite Huda Al-Sarari a enquêté sur le réseau de prisons secrètes gérées par des gouvernements étrangers dans son pays depuis 2015, où des milliers d’hommes ont été détenus arbitrairement et torturés. Après avoir documenté plus de 250 cas d’abus commis dans ces geôles, elle a pu dénoncer ce système et s’adjoindre l’aide d’organisations internationales comme Amnesty International et Human Rights Watch.
“Ce qui m’a attiré, c’est que personne n’en parlait”, résume-t-elle dans un extrait vidéo projeté aux journalistes, qui sera diffusé en intégralité ce mercredi soir. «”’ai reçu des dizaines de plaintes de personnes dont un proche avait été enlevé, poursuit-elle lors d’une conférence ce mardi. J’ai cherché leurs noms dans les prisons officielles et je n’en ai pas trouvé la trace. J’ai découvert un réseau secret et au début de 2017, j’ai remis tous les documents de preuve à l’agence Associated Press (AP). Avec AP, on a créé un réseau avec les mères de détenus, et en faisant pression on a pu faire libérer 260 personnes.”
“Être un défenseur des droits humains au Yémen est extrêmement difficile, et être une femme rend cela encore plus difficile. Dans une société dominée par les hommes, je dois faire mes preuves peut-être dix fois plus qu’un homme”, a déclaré Huda.
“Recevoir le prix Martin Ennals 2020 pour les défenseurs des droits humains signifie énormément pour moi. Cela me donne une grande force et m’encourage à poursuivre ce combat pour la justice”, a-t-elle poursuivi.
Fondé en 1993, ce prix est décerné par dix des plus importants organismes de défense des droits humains, dont Amnesty International, Human Rights Watch, l’Organisation mondiale contre la torture et la Commission internationale de juristes.
Son fils de 18 ans a été abattu en représailles, comme elle le confie avec une émotion intacte. Elle vient donc d’envoyer son deuxième enfant, lui aussi menacé, en exil pour le protéger. Et espère que la Suisse fera jouer ses relations diplomatiques sur les Émirats arabes unis pour renforcer le respect des lois et des droits humains.