L’investissement de la famille royale des Émirats arabes unis dans le club de football israélien est suspendu
Les projets du cheikh Hamad ben Khalifa al-Nahyane, membre de la famille royale d’Abou Dhabi, visant à acquérir environ 50% des parts du Beitar Jérusalem en échange d’investissements de 300 millions de shekels (76 millions d’euros) dans le club, ont été suspendus, a rapporté vendredi Israel Hayom.
Cette offre d’investissement avait été annoncée en grande pompe en décembre, présentée comme le fruit de l’accord de normalisation entre Israël et les Emirats arabes unis l’an dernier.
Mais ces dernières semaines, des interrogations concernant la véritable fortune du cheikh ont été soulevées, alors qu’un audit de ses finances réalisé le mois dernier mettait en lumière des « divergences financières » et faisait état « d’entreprises inactives », selon le site Marker.
L’enquête a été confiée par la Fédération israélienne de football à Megiddo, une société privée d’intelligence économique. Selon le site d’information économique The Marker, la fédération a mené une enquête sur les finances du cheikh Hamad ben Khalifa al-Nahyane, craignant qu’il y ait un “écart significatif” entre sa fortune déclarée et ce qu’il possède réellement.
Cette enquête a révélé, selon le média israélien spécialisé, que le riche acquéreur émirati possède, en effet, des dizaines de sociétés inactives et “serait lié à des hommes d’affaires impliqués dans du blanchiment d’argent”.
Il en ressort aussi que sur 1,6 milliard de dollars (fortune déclarée du cheikh), 1,5 milliard représente des obligations appartenant au gouvernement vénézuélien. En raison de l’effondrement de l’économie du Venezuela et du fait que Caracas a bloqué leur remboursement, leur valeur apparaît peu sûre. Ces obligations atteignent donc à peine le dixième de leur valeur nominale et ne peuvent même pas représenter une garantie pour obtenir un crédit auprès des banques.
Alors que le cheikh Hamad ben Khalifa al-Nahyane a affirmé qu’il possédait une propriété au Liban d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars, l’enquête de Megiddo a démontré qu’il avait largement surévalué cette propriété.
Toujours au chapitre immobilier, le magnat émirati semble aussi entretenir des relations sulfureuses avec Naum Cohen, un des intermédiaires d’al-Nahyane pour son contrat avec Beitar.
De son vrai nom Nachshon Nachshonov, un Israélien d’origine ukrainienne vivant à Dubaï, il se présente comme “consultant en affaires” pour son ami émirati et aurait fait fortune comme courtier en diamant. Il compterait par ailleurs plusieurs affaires de fraude en Israël.
Al-Nahyane a aussi un autre intermédiaire pour le contrat Beitar : Suleïman al-Fahim, un homme d’affaires émirati impliqué dans les accords pour le rachat de Manchester City et du Portsmouth Football Club (propriété de la fille du trafiquant d’armes israélien Arcady Gaydamac). Il a été condamné dans son pays pour avoir volé cinq millions et demi d’euros à sa femme et utilisé des faux documents pour financer l’accord de Portsmouth.
Roman Zeiman, autre associé d’Al-Nahyane, est également dans le collimateur du gouvernement polonais. Ce dernier a mis en garde contre sa société de cryptographie, Futurenet, craignant que ses activités ne constituent une fraude sur le modèle de la pyramide de Ponzi.
Ces révélations n’ont pas encore été commentées par la Fédération israélienne de football, alors que le propriétaire du Beitar, Moshe Hogg, a réagi en s’offusquant de l’initiative de la fédération. “Nous sommes déconcertés par le comportement des éléments de la Fédération de football, ainsi que par les tentatives d’éléments, en son nom, pour saboter l’accord et nuire gravement l’équipe”, a-t-il déclaré.