ONGs: Il est temps de libérer Ahmed Mansoor et tous les défenseurs des droits humains détenus aux EAU
Des organisations ont appelé à une amélioration de la situation des droits de l’homme aux Émirats arabes unis, après une décennie de répression systématique croissante par l’État.
L’événement a été organisé conjointement par une coalition de cinq organisations de défense des droits de l’homme qui se concentrent sur la région MENA : ICFUAE, ADHRB, ICJHR, MENA Rights Group, et ALQST. Intitulé « COVID-19 : Il est temps de libérer Ahmed Mansoor et tous les défenseurs des droits de l’homme des EAU détenus dans des conditions cruelles », le panel avait pour but d’explorer à la fois la situation critique des défenseurs des droits de l’homme emprisonnés et les mécanismes internationaux qui peuvent être utilisés pour faire pression en faveur de leur libération.
L’événement comptait quatre panélistes : Brian Dooley, Inès Osman, Hamad Al-Shamsi, et Julia Legner ; et a été modéré par Sofia Kaltenbrunner, responsable de campagne à l’ICFUAE.
Les panélistes ont présenté leur point de vue sur la situation difficile à laquelle sont confrontés les défenseurs des droits de l’homme aux EAU, en évoquant les cas d’Ahmed Mansoor, du groupe UAE94, et de tous les autres prisonniers de conscience, y compris ceux détenus dans les centres Munasaha malgré la fin de leur peine. La nature urgente de ces cas a été discutée car les prisonniers courent un risque accru de contracter le COVID-19, ce qui constitue une menace imminente pour leur état de bien-être déjà vulnérable.
Dans ce contexte, Brian Dooley, conseiller du rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, a donné un aperçu des conditions de détention aux EAU. M. Dooly a souligné que depuis longtemps, la situation des défenseurs des droits de l’homme aux EAU était extrêmement difficile, même avant le COVID19, et qu’ils devraient être libérés. Il a également présenté les priorités du Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’homme, en se concentrant sur la question des défenseurs des droits de l’homme, qui sont condamnés à de longues peines de détention.
Inès Osman, cofondatrice et directrice du MENA Rights Group, a évoqué le contexte juridique dans lequel de nombreux prisonniers d’opinion sont persécutés, décrivant comment des dispositions formulées en termes vagues dans le code pénal, la cybercriminalité et les lois antiterroristes ont été utilisées pour « criminaliser la liberté d’expression » aux Émirats arabes unis.
Hamad Al-Shamsi, un défenseur des droits émirati, a donné un compte rendu personnel des représailles subies par les familles des prisonniers politiques aux mains des autorités émiraties. Il a souligné la pratique systématique de la punition collective à l’encontre des familles des prisonniers des EAU, notamment les interdictions de voyager, la surveillance active et le refus de renouveler les cartes d’identité des familles des prisonniers d’opinion. M. al-Shamsi a également évoqué la question des centres « Munasaha » où les prisonniers politiques sont détenus au-delà de leur peine.
Julia Legner, responsable du plaidoyer à l’ALQST, a replacé les cas susmentionnés dans un contexte régional plus large. Mme Legner a déclaré que, pendant le printemps arabe, les Émirats arabes unis ont étouffé toute forme de protestation avant même qu’elle n’éclate et ils l’ont fait en réprimant durement toutes les voix dissidentes. En outre, elle a souligné les mauvaises pratiques partagées par d’autres pays de la région, notamment les arrestations de défenseurs des droits de l’homme en Arabie saoudite et au Bahreïn.
Après la table ronde, les questions du public ont porté sur la meilleure façon d’aborder la crise actuelle des droits de l’homme dans les Émirats arabes unis.
Dans son allocution de clôture, Sofia Kaltenbrunner a appelé le Conseil des droits de l’homme des Nations unies et le Parlement européen à prendre des mesures urgentes et a remercié les intervenants d’être la voix de ceux qui, autrement, pourraient être réduits au silence.