Le parquet national financier (PNF), qui enquête sur les commissions obtenues par un ex-eurodéputé Rassemblement national (RN) en marge d’un prêt russe à ce parti en 2014, mène également des investigations sur les commissions liées à une autre ligne de crédit consentie en 2017 au RN, ont indiqué mercredi de sources concordantes.
Le PNF et une source proche du dossier ont ainsi confirmé à l’AFP des informations dévoilées par Mediapart. Une enquête avait été ouverte par le PNF en 2016 sur des commissions qu’aurait touchées l’ancien député européen Jean-Luc Schaffhauser lors d’un prêt russe d’un montant de 9,4 millions d’euros accordé au RN en 2014.
L’enquête concerne désormais également les conditions dans lesquelles le parti de Marine Le Pen a obtenu en 2017 auprès d’un homme d’affaires français très implanté en Afrique, Laurent Foucher, un prêt de 8 millions d’euros. Le RN assure par ailleurs avoir remboursé ce prêt.
En 2019, le PNF avait été destinataire d’un signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment, sur l’origine de ces fonds, qui auraient transité par les Emirats arabes unis. L’ancien eurodéputé (2014-2019), qui a pris ses distances avec le parti de Marine Le Pen, a été auditionné et son domicile/bureau perquisitionné par les enquêteurs financiers de l’OCLCIFF, en charge du dossier.
Jean-Luc Schaffhauser a confirmé à l’AFP avoir «travaillé pour ces deux prêts» et avoir «été rémunéré» pour cela. «J’étais consultant pour monter des opérations de ce type là pendant 30-40 ans, j’ai continué mon travail, déclaré au Parlement, le même travail que je faisais auparavant.» Il confirme avoir été «entendu comme témoin il y a un peu plus d’un an» ainsi que la perquisition, qui selon lui concernaient le prêt russe uniquement.
En 2014, le parti d’extrême droite avait souscrit un prêt auprès d’une banque russe, la First Czech-Russian Bank (FCBR), les banques françaises refusant, selon lui, de lui prêter de l’argent. Une firme russe dirigée par d’anciens militaires, Aviazapchast, avait hérité de la créance et attaqué en justice le RN pour défaut de remboursement en décembre 2019. Un accord à l’amiable avait été trouvé en juin dernier, après une audience préliminaire devant le tribunal d’arbitrage de Moscou, afin de rééchelonner ce prêt russe.
D’après les informations avancées par le site d’information français Mediapart, le parti d’extrême-droite de Marine Le Pen, Rassemblement National (RN), aurait bénéficié d’un crédit de 8 millions d’euros juste après les élections présidentielles de 2017.
Selon les informations de Mediapart, un homme d’affaires français aurait fait un crédit de 8 millions d’euros au parti de Marine Le Pen, via un compte bancaire se trouvant à Abou Dhabi, la capitale des Emirats Arabes Unis.
Cet argent aurait permis de rembourser la dette du RN à la banque, toujours selon Mediapart.
Il a été rappelé que l’instance de contrôle du financement des partis politiques en France, avait demandé, en 2018, au RN d’apporter des informations complémentaires concernant ce prêt de 8 millions d’euros.
L’homme d’affaires qui a fait ce prêt au RN, Laurent Foucher, a déclaré à Mediapart que son geste « n’avait rien d’idéologique ».
« Je ne l’ai fait pour personne d’autre. J’avais cet argent, ils m’ont que c’était une question de vie ou de mort. Je l’aurais pour n’importe qui. Je passe ma vie à venir en aide aux autres. S’il avait s’agit du Parti Socialiste, je l’aurais fait aussi pour eux », a-t-il expliqué.
Mediapart souligne par ailleurs que Foucher serait un proche de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Enfin, l’ancien eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser, proche de Marine Le Pen, aurait fait l’intermédiaire dans cette affaire de crédit. Pour Mediapart, il est probable que Schaffhauser ait empoché une commission de 300 000 euros sur les 8 millions.