Le compte du ministère israélien des Affaires étrangères sur Twitter a révélé qu’une entreprise israélienne a envoyé une découverte dans la lutte contre la pandémie de coronavirus à Abou Dhabi.
Deux entreprises israéliennes de défense de premier plan ont fait état vendredi d’un accord avec une entreprise émiratie pour collaborer sur la mise au point d’un test de dépistage non invasif et « en quelques minutes » pour le nouveau coronavirus.
L’annonce de cet accord intervient alors que les deux pays n’ont pas de relations officielles. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait annoncé fin juin une « coopération scientifique » avec les Emirats pour lutter contre la pandémie, mais sans donner davantage de détails.
La plus importante entreprise israélienne aéronautique et de défense Israel Aerospace Industries (IAI), détenue par l’Etat, et Rafael Advanced Defense Systems, société également publique, ont signé un protocole d’entente avec Group 42, une firme de technologie privée basée à Abou Dhabi, lors d’une cérémonie par vidéo-conférence. IAI a salué vendredi la signature d’un « accord historique de coopération avec Group 42 » dans un communiqué. Une porte-parole de Rafael a confirmé l’accord sans donner davantage de détails.
« Le Covid-19 ne distingue pas entre les continents, les peuples et les religions », a déclaré Yoav Turgeman, vice-président de IAI et directeur de sa filiale Elta, cité dans le communiqué. La mise au point d’un « système de dépistage non-invasif et en quelques minutes du virus » est le principal projet sur lequel travailleront les entreprises, a expliqué à l’AFP Israel Lupa, responsable technologique de Elta. « Nous apporterons la technologie et ils (Group 42) amèneront les connaissances médicales », a-t-il précisé.
Le Group 42 a annoncé jeudi la signature de deux protocoles d’entente avec les sociétés israéliennes. « Nous avons toujours cherché à coopérer sur le plan international pour créer des technologies (…) plus performantes pour le bien public », a déclaré Peng Xiao, directeur de cette société privée.
Pays de neuf millions d’habitants, Israël a officiellement recensé plus de 27.000 cas de nouveau coronavirus, dont 325 morts. Avec environ 10 millions d’habitants, les Emirats arabes unis ont officiellement enregistré plus de 49.000 cas, dont 317 décès.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi une « coopération » scientifique avec les Emirats arabes unis, pays avec lequel l’Etat hébreu n’a pas de relations officielles, afin de lutter contre la pandémie de Covid-19.
« Cette collaboration se fera dans les domaines de la recherche et du développement, de la technologie et dans des domaines qui amélioreront la sécurité sanitaire dans toute la région », a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué en hébreu. « C’est le résultat de contacts prolongés et intenses ces derniers mois », a ajouté le Premier ministre israélien sans préciser s’il s’agissait de la première coopération officielle entre les deux pays.
Historiquement, les pays arabes, hormis l’Egypte et la Jordanie, ont fait du règlement du conflit israélo-palestinien la condition de la normalisation de leurs relations avec Israël. Mais au cours des dernières années, les autorités israéliennes ont développé des relations officieuses avec des pays du Golfe, dont les Emirats arabes unis, partageant notamment des préoccupations autour de l’influence grandissante de l’Iran dans la région. « Plus on est puissant, plus on a la force de dissuader nos ennemis », a déclaré le Premier ministre israélien, évoquant des « amis » qui se rapprochent dans un contexte local.
Contexte qui se tend toutefois à l’approche de décisions clés du gouvernement israélien sur son projet d’annexion de pans de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Le gouvernement doit en effet annoncer à partir du 1er juillet sa stratégie pour mettre en place le plan américain pour le Proche-Orient, qui propose cette annexion.
« Potentiel rapprochement » menacé
« L’annexion mettra certainement fin aux aspirations israéliennes à de meilleures relations avec le monde arabe et les Emirats sur les plans sécuritaire, économique et culturel », avait écrit il y a près de deux semaines Youssef al-Otaïba, un diplomate émirati, dans une tribune publiée dans le quotidien israélien Yediot Aharonot, la première en hébreu d’un responsable de ce pays selon des analystes.
« Récemment, des responsables israéliens ont fait la promotion de discussions excitantes sur la normalisation des relations avec les Emirats arabes unis et d’autres Etats arabes. Mais le projet d’annexion et les discussions sur une normalisation sont en contradiction », avait souligné M. Otaïba, ambassadeur des Emirats aux Etats-Unis. « Le potentiel rapprochement avec Israël pourrait disparaître si l’annexion a lieu », avait-il insisté, estimant que le projet israélien pourrait aussi « provoquer la violence et raviver les extrémismes ».
Quelques jours avant cette tribune, un premier vol officiel du transporteur émirati Etihad Airways s’était posé en Israël, chargé d’aide humanitaire pour les Palestiniens, qui l’avaient refusée estimant ne pas avoir été mis dans la boucle et que l’opération avait été coordonnée avec Israël plutôt qu’avec eux.
Près de la moitié des exportations israéliennes sont issues du secteur de la technologie et les start-up oeuvrant dans le domaine de l’innovation médicale ont été appelées en renfort dans l’espoir de freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19.
Pays de neuf millions d’habitants, Israël compte actuellement un plus de 22.000 cas de nouveau coronavirus officiellement recensés, dont 308 morts, ce qui reste un faible ratio de décès en comparaison à des pays en Europe et dans les Amériques. Avec environ 10 millions d’habitants, les Emirats arabes unis ont officiellement enregistré plus de 45.000 cas de Covid-19, dont 302 décès.