Le Microscope Européen sur les questions du Moyen-Orient a déclaré que les autorités suisses ont ouvert une enquête officielle sur les dessous du négoce de l’or entre les Emirats arabes unis et la Suisse et dont une partie proviendrait de mines africaines via le souk de Dubaï.
Le Microscope Européen – une organisation européenne chargée de superviser les problèmes du Moyen-Orient- estime qu’une partie du métal jaune ainsi acquis provienne des pays africains, notamment le Soudan, le Ghana, la Tanzanie et la Zambie, ce qui menace l’économie locale de ces pays qui perdent à cause de la contrebande des bénéfices des recettes douanières imposées à l’exportation de l’or.
L’organisation européenne a examiné les résultats d’une enquête menée par deux organisations non gouvernementales en Suisse confirmant que l’émirat de Dubaï est une porte d’entrée pour transporter l’or dans les zones de conflit en Afrique et le transférer vers les raffineries suisses.
La Suisse, principal importateur d’or du monde, doit prendre des mesures pour exhorter les les entreprises locales à évaluer l’impact de leurs activités sur les droits de l’homme.
La Suisse a une législation trop laxiste pour contrôler l’origine des métaux précieux. L’ONG Swissaid a publié jeudi une étude qui éclaire les travers du commerce de l’or entre les Emirats arabes unis et la Suisse.
L’enquête de Marc Ummel, responsable des matières premières chez Swissaid, remonte les chaînes d’approvisionnement des raffineries helvétiques. Les Emirats étaient le plus grand exportateur d’or vers la Suisse en 2019: 149 tonnes d’or d’une valeur de 6,8 milliards de francs ont été livrés afin d’y être raffinées.
Selon ce rapport, on est parfois loin des bonnes pratiques de la branche (London Bullion Market Association). Les raffineries suisses déclarent importer uniquement de l’or recyclé des Emirats arabes unis. Mais en réalité, une partie proviendrait de mines africaines et du souk de Dubaï.
En 2018, la moitié de l’or transitant par Dubaï provenait du continent africain (402 tonnes). Une grande partie de cet or est exporté illégalement. L’or est transformé par des raffineries aux Emirats avec lesquelles les sociétés suisses n’ont aucun lien direct, ce qui les empêche d’en retracer l’origine et de s’assurer des bonnes conditions de son extraction.
A l’autre bout de la chaîne, les banques, industries, joailliers et groupes horlogers n’appliquent pas tous les mêmes procédures de diligence. Selon Swissaid, la grande majorité des 15 entreprises analysées ne disposent pas des moyens d’éviter d’avoir de l’or potentiellement problématique.
Les statistiques douanières manquent de transparence et ne permettent pas non plus de connaître l’origine réelle de l’or importé en Suisse transitant par Dubaï.
“C’est uniquement en se fournissant directement auprès des mines que les raffineries pourront s’assurer d’acquérir de l’or propre respectant les droits humains et l’environnement”, selon Marc Hummel. Pour l’ONG, c’est aux raffineries de s’assurer que l’or qu’elles importent n’a pas été produit en violation des droits humains.
Le Contrôle fédéral des finances avait déjà révélé il y a un mois “les lacunes du dispositif actuel de surveillance” des métaux précieux en Suisse. Principale plaque tournante du commerce international de l’or, la Suisse raffine et transforme deux tiers du précieux métal mondial.