Emirates Fuites

Une pétition déposée auprès de l’ONU par la famille de Loujain Al Hathloul contre les EAU

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Walid Al Hathloul, frère du détenue saoudienne Lujain, a déclaré que la famille avait présenté une pétition aux Nations Unies contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis concernant les violations des droits de l’homme dont était victime sa sœur.

Al Hathloul a souligné sur son compte Twitter que ces violations incluent l’enlèvement aux Emirats arabes unis et la torture dans une prison secrète, ajoutant qu ‘ »il est triste que l’Arabie saoudite ait non seulement violé les droits de l’homme, mais les lois internationales ».

Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire déclare que le gouvernement d’Arabie saoudite a violé le droit international des droits de l’homme et demande la libération immédiate de la militante des droits des femmes Loujain Alhathloul.

En réponse à une requête légale déposée par Freedom Now, les Nations unies ont conclu que « les charges pénales pour lesquelles elle a été inculpée et jugée concernent clairement sa campagne publique de renommée internationale ».

Loujain al Hathloul, éminente défenseure saoudienne des droits des femmes a été arrêtée pour ses activités pacifiques en faveur des droits humains, notamment sa campagne pour le droit des femmes de prendre le volant. Elle a été détenue pendant 73 jours après avoir bravé l’interdiction en tentant d’entrer au volant de sa voiture en Arabie saoudite depuis les Emirats Arabes Unis, le 30 novembre 2014.

Al Hathloul a également fortement plaidé pour l’abolition du système de tutelle masculine en Arabie Saoudite, qui est extrêmement discriminatoire envers les femmes. En 2017, elle a été arrêtée puis libérée sans qu’aucune raison claire ne lui soit fournie.

En mars 2018, Loujain al Hathloul a été enlevée aux Emirates Arabes Unis (EAU) et expulsée vers l’Arabie Saoudite où elle a été arrêtée et détenue pendant quelques jours, puis interdite de voyage. Le 15 mai 2018, Loujain al Hathloul était parmi la dizaine de défenseures des droits des femmes arrêtées dans le cadre d’une campagne de répression menée en représailles à leur action pacifique en faveur de la protection et de la promotion des droits des femmes dans le royaume. Elles ont été accusées d’avoir “communiqué avec des pouvoirs extérieurs hostiles, soutenu financièrement des parties externes, et attiré et exploité des mineurs pour les faire travailler contre le Royaume d’Arabie Saoudite.”

Un peu plus d’un mois plus tard, le prince héritier Mohammed Ben Salman a levé l’interdiction faite aux femmes de conduire à partir du 24 juin 2018.

Deux ans plus tard, malgré les promesses de réforme du gouvernement, al Hathloul, ainsi que plusieurs autres militants, se trouvent encore derrière les barreaux. La répression de l’Arabie Saoudite de tout activisme féminin et la campagne de diffamation envers les dissidents ouvrent la voie à multiples violations des droits de l’homme.

Pendant les trois premiers mois de sa détention, Loujain al Hathloul a été détenue sans inculpation ni procès. Elle a également été détenue au secret, sans accès à un avocat ou à sa famille. Le procès de Loujain al Hathloul s’est ouvert le 13 mars 2019 devant le tribunal pénal spécial de Riyadh. Jusqu’à présent, toutes ses audiences se sont déroulées à huis clos, les diplomates et les journalistes n’étant pas autorisés à y assister.

Depuis son arrestation, des rapports crédibles font état d’actes de tortures et d’abus violents dont elle a été victime. Dans une lettre publiée dans le New York Times en janvier 2019, Alia al Hathloul a révélé les conditions cruelles de détention de sa soeur Loujain qui était détenue à l’isolement, battue, soumise à la torture, à des chocs électriques, harcelée sexuellement et menacée de viol et de meurtre. Une visite exceptionnelle de ses parents en prison en décembre 2018 leur a permis de voir ses jambes couvertes de bleus noirs et de cicatrices dues à des chocs électriques. Le conseiller du prince héritier saoudien, Saoud al Qahtani, aurait été présent à plusieurs reprises lors de ses séances de tortures, a indiqué la sœur de l’activiste.

Dans une interview accordée au Time Magazine à l’occasion du deuxième anniversaire de l’incarcération de Loujain, sa sœur, Lina al Hathloul, a déclaré qu’avec les reports de l’audience : “Loujain commence à perdre espoir.” En août de l’année dernière, Loujain a refusé un deal proposé par les autorités saoudiennes, selon lequel elle serait relâchée si elle déclarait dans une vidéo ne pas avoir été torturée. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi Loujain avait refusé cette offre, Lina a répondu : « Même s’ils l’avaient libérée, Loujain est détenue parce qu’elle milite pour les autres femmes et pour tout le peuple saoudien. Je ne pense pas qu’il serait logique qu’elle soit libre tout en acceptant cette offre. Elle préfère être en prison, à être fidèle à ses valeurs plutôt que d’être libérée et de perdre ces deux années pour rien.”

Lina al Hathloul a rendu hommage à Loujain sur Twitter : « En ce jour, il y a deux ans, ma soeur Loujain al Hathloul a été arrêtée illégalement et détenue arbitrairement. Elle se réveille encore chaque matin dans une cellule de prison. Nous vous célébrons aujourd’hui et chaque jour. Nous ne vous laisserons jamais tomber.”