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Des ONG appellent les EAU à libérer tous les défenseurs des droits humains

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À l’occasion de l’ouverture du Hay Festival Abu Dhabi, du 25 au 28 février 2020 aux Émirats arabes unis (EAU), plusieurs organisations ont adressé un appel aux autorités des Émirats arabes unis pour soutenir plus ouvertement et concrètement la liberté d’expression, y compris en dehors des événements culturels.

“Nous, signataires de l’appel, appelons les Émirats arabes unis à démontrer leur respect pour la liberté d’expression en libérant tous les défenseurs des droits humains emprisonnés pour s’être exprimé de manière pacifique en ligne, et parmi lesquels des auteurs, des universitaires, un poète et des avocats.” Plusieurs organisations, dont Amnesty International, PEN International et l’Union internationale des éditeurs, somment les Émirats arabes unis d’agir.

Ahmed Mansoor, Dr Mohammed Al-Roken, Dr Mohammed Al-Mansoori, Nasser Bin Ghaith… Voici quelques-uns des nombreux individus emprisonnés aux Émirats arabes unis pour avoir exprimé des opinions critiques vis-à-vis des Émirats arabes unis, ou encore pour avoir dénoncé des violations des droits de l’homme dont étaient coupables les autorités.

Alors que le festival littéraire Hay, institution britannique, s’invite à Abou Dabi du 24 au 27 février 2020, les cosignataires de l’appel demandent aux Émirats arabes unis de mettre autant d’énergie dans la défense concrète de la liberté d’expression que dans l’organisation d’événements culturels prestigieux.

Outre le festival littéraire Hay, un des émirats, Charjah, s’invite constamment dans les foires du livre, ces dernières années, avec de solides investissements financiers pour le précéder. Francfort, Londres, et même la Foire de Bologne ont mis à l’honneur l’émirat de Charjah, alors que celui-ci, pourtant réputé comme étant l’un des plus favorables aux arts, pratique encore la censure.

L’appel des différentes organisations souligne ce paradoxe douloureux, qui se retrouve à l’occasion du festival Hay : ce dernier est organisé par le ministère de la Tolérance des Émirats arabes unis, “dans un pays qui ne tolère pas les voix dissidentes “.

Preuve de l’influence de Charjah dans le monde international du livre, et sans doute de la nécessité d’une libéralisation de l’expression et de l’opinion aux Émirats arabes unis, la vice-présidence de l’Union internationale des éditeurs est assurée par Bodour al-Qasimi, à la tête de la maison d’édition Kalimat, l’une des plus importantes de Charjah… Elle est aussi la fille de l’émir de Charjah, le Sultan bin Mohammed al-Qasimi

Le plus éminent défenseur des droits de l’homme du pays Ahmed Mansoor a été arrêté chez lui le 20 mars 2017 et maintenu en détention dans un lieu secret pendant plus de six mois. Il n’a pas été autorisé à consulter un avocat, a eu peu de contact avec sa famille et a été placé en détention à l’isolement.

Le 29 mai 2018, il a été déclaré coupable d’accusations vagues, à savoir “ atteinte au statut et au prestige des Émirats arabes unis et de leurs symboles, y compris de leurs dirigeants”, “publication de fausses informations dans le but de nuire à la réputation des Émirats arabes unis à l’étranger” et “présentation des Émirats arabes unis comme une terre sans loi”.

Il a été condamné à 10 ans de prison et à une amende de 1 000 000 de dirhams émiriens (247 000 euros), ainsi qu’à trois ans de mise à l’épreuve après sa libération. Sa condamnation a été confirmée en appel en décembre 2018.

En mai 2019, Ahmed Mansoor a observé une grève de la faim pendant un mois pour protester contre sa condamnation inique et ses conditions de détention à la prison d’al Sadr.

En septembre 2019, il a été roué de coups au motif qu’il continuait de se plaindre et a entamé une nouvelle grève de la faim. Néanmoins, il est toujours détenu à l’isolement, dans sa cellule sans eau courante ni lit, qu’il n’est pas autorisé à quitter sauf pour recevoir les visites de sa famille.

Ahmed Mansoor est connu pour dénoncer avec courage les violations des droits humains commises dans son pays. Il siège à la Commission consultative du Centre du Golfe pour les droits humains (GCHR) et de Human Rights Watch et a reçu le prix Martin Ennals 2015 pour les défenseurs des droits de l’homme.

En octobre 2019, plus de 140 ONG du monde entier ont lancé un appel aux autorités des EAU pour libérer Ahmed Mansoor.

D’autres prisonniers ont été torturés dans les prisons des Émirats arabes unis. Un expert polonais en fitness, Artur Ligęska, a été détenu dans la même prison que Mansoor, dans des conditions qu’il a décrites comme « médiévales ». Après que ses accusations aient été rejetées et qu’il ait été libéré en mai 2019, Ligęska a écrit un livre dans lequel il a raconté les conditions de détention dans la prison d’Al-Sadr, où les prisonniers étaient détenus sans eau courante pendant de nombreux mois dans des conditions très peu hygiéniques, et où certains étaient soumis à la torture, aux abus et aux agressions sexuelles.

Dr Mohammed Al-Roken, avocat spécialisé dans les droits de l’homme, qui est détenu depuis juillet 2012 uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et d’association, notamment par son travail d’avocat, purge une peine de 10 ans de prison pour avoir signé – avec 132 autres personnes – une pétition en ligne appelant à une réforme politique. Il a été reconnu coupable et condamné à l’issue d’un procès collectif manifestement inéquitable de 94 personnes (connu sous le nom de « UAE 94 »), dont des avocats, des juges et des étudiants militants des droits de l’homme.

Parmi eux, il y avait un autre avocat des droits de l’homme, Dr Mohammed Al-Mansoori, qui a également été arrêté en juillet 2012 et condamné à 10 ans de prison. Le Dr Al-Mansoori n’avait pas été autorisé à contacter sa famille depuis plus d’un an, et n’a été autorisé à le faire que récemment. Les deux hommes sont détenus dans la prison d’Al-Razeen, une prison de haute sécurité dans le désert d’Abu Dhabi.

Nasser Bin-Ghaith purge une peine de 10 ans de prison, basée sur des accusations portées contre lui suite à des propos critiques exprimés à l’encontre des autorités émiraties et égyptiennes.

Il est un défenseur des droits humains, économiste et éminent universitaire. Il a été condamné à 10 ans de prison en vertu de la loi contre le cybercrime et la loi de 2014 contre le terrorisme, pour avoir tweeté à propos des violations des droits humains perpétrées par les autorités égyptiennes et critiqué la politisation du système judiciaire aux EAU.

Son inculpation est aussi liée à des réunions auxquelles il a assisté à l’étranger avec des défenseur-ses des droits humains et des militants politiques accusés d’appartenir à des organisations terroristes aux EAU.

Dr bin Ghaith fait partie d’un groupe appelé les « UAE5 » (les 5 des EAU), emprisonné en 2011 et jugé pour avoir « publiquement insulté » les dignitaires des EAU. Le procès a enfreint le droit international relatif aux droits humains et a été vivement critiqué par des groupes de défense des droits humains, y compris par les signataires de cette lettre.